Maurice Sand, une vie d’artiste

Fils de George Sand mais méconnu

Figure emblématique du Berry, George Sand appartient à ces personnalités qui ont profondément marqué leur époque et dont les idées novatrices et visionnaires ont encore tout leur sens aujourd’hui. Bien que la vie d’artiste et l’activité créatrice de Maurice Sand, son fils, soient connues des multiples savants et amateurs qui s’intéressent à la vie et à l’oeuvre de la romancière, peu d’études lui ont été consacrées : heureusement ces dernières années, quelques ouvrages ainsi qu’une thèse et une exposition au château d’Ars (Indre) par le musée George Sand et de la Vallée Noire, ont permis d’élargir la vision sur le personnage. Ce bicentenaire vise à lui rendre hommage et à mieux le faire découvrir au grand public.

UNE INVITATION À DÉCOUVRIR GEORGE SAND ET LE BERRY AUTREMENT

Profondément attaché au Berry et y ayant vécu l’essentiel de sa vie, Maurice Sand donne à voir le Berry de George Sand à travers ses dessins et carnets retraçant balades et voyages avec sa mère aux confins du Berry et sur les sites sandiens, cadres de ses romans : on découvre ainsi la Mare au diable, le château des Beaux Messieurs de Bois doré ou celui des Maitres Sonneurs, tels que George Sand les a réellement vus ; beaucoup ont été largement transformés depuis. Maurice Sand, partie prenante des activités de Nohant, participe activement au théâtre des grands acteurs, comme comédien, décorateur ou même auteur de pièces. A travers lui et ses multiples centres d’intérêt, on entre un peu plus avant dans l’ébullition artistique et l’intimité créative de Nohant !

Peintre, illustrateur, marionnettiste, écrivain, un scientifique curieux et érudit

Elève du peintre Eugène Delacroix, Maurice a appris la peinture, mais son média de prédilection sera le dessin. Il illustre de nombreux articles de presse et les éditions illustrées de sa mère chez l’éditeur Hetzel. Né le 30 juin 1823 à Paris, de son vrai nom Jean François Maurice Dudevant, a passé presque toute son enfance et son adolescence à Nohant. En 1840, il entre à Paris à l’atelier de Delacroix, ami de sa mère. Il y mène une vie de rapin. A Nohant, en 1847, le théâtre fait son apparition. D’abord ce seront les amis et membres de la famille qui joueront. Mais parfois les acteurs viennent à manquer. Maurice, avec son ami Eugène Lambert, a l’idée de créer des marionnettes. Une création collective nait, les uns sculptant les figurines de bois, d’autres, comme sa mère, les habillant. La quelque centaine de marionnettes est aujourd’hui exposée au premier étage du bâtiment d’accueil à la Maison de George Sand. Se découvrant ainsi une véritable passion pour la comédie italienne, il effectue de nombreuses recherches : il publie en 1859 Masques et Bouffons, ouvrage de référence sur l’histoire et les personnages de la Commedia dell’arte, mêlant humour et costumes. Il voyage en Amérique au début de la Guerre de Sécession pendant 4 mois, où il rencontre le président Abraham Lincoln. Suite à ce voyage, le premier récit signé Maurice Sand, Six mille lieues à toute vapeur, paraît. Installé après son mariage, à Nohant, il ne participe plus au Salon parisien en tant que peintre ; il se lance alors dans la recherche scientifique (géologie, entomologie …) et dans l’écriture romanesque, publiant ainsi 9 fictions : Callirhoé (1864), Raoul de La Chastre (1865), Le coq aux cheveux d’or (1867), Miss Mary (1868), Mademoiselle Azote (1870), André Bauvray (1870), L’Augusta (1872), Mademoiselle de Cérignan (1874) La fille du singe (1886)

Multidisciplinaire, mais cohérent !

Fantaisie et science des métamorphoses  

Multidisciplinaire, on a souvent reproché à Maurice Sand son éparpillement ; on note cependant un intérêt constant, quel que soit le média utilisé, pour le fantastique, les mondes parallèles et les phénomènes de mutations, ce qui donne une unité et une cohérence à son oeuvre. Ses ouvrages de fiction abordent de front la question des métissages raciaux, le monde perdu de l’Atlantide et les possibilités de métamorphisme entre formes animales et végétales. Son regard sur l’histoire traque partout la métamorphose, le passage de la chrysalide au papillon et, chez l’humain, la question de l’évolutionnisme le passionne. Face à ses interrogations sur le monde, la science reste la seule certitude disponible à l’homme de progrès ; il refusera toujours la réponse de la foi et des croyances pour inviter plutôt à plonger dans la fantaisie.